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UN AUTEUR A (RE)LIRE EN ATTENDANT LES REPONSES DE VOS ENVOIS

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Message  Admin Ven 29 Fév - 20:53

Quand on soumet un manuscrit à un éditeur, il y a plusieurs approches possibles.

Certains étudient à fond le catalogue de l'éditeur pour lui proposer un texte collant le mieux possible à sa fameuse ligne éditoriale;

D'autres préfèrent miser sur leur bonne étoile et lancent des textes comme des bouteilles à la mer...

« Je cherche et j’ai trouvé des poèmes au bord de la mer, comme on cherche des fragments de bois ou de pierre étonnamment travaillés et polis par les flots. Ces poèmes résultent eux aussi du long travail, du long séjour de quelque chose dont l’origine, la nature première m’échappent (comme je ne saurais dire d’où viennent ce galet, ce poisson de bois lourd), dans un milieu laborieux qui est moi-même - conscience ou inconscient continuellement en mouvement. Les plus gros blocs d’expérience doivent à la longue s’y réduire en formes nécessaires et singulières, complices des yeux (du lecteur). Il m’est arrivé de retrouver la poésie, après des mois de silence. » (Henri THOMAS, Poésies, éd. Gallimard, 1970, préface de Jacques Brenner.)

Henri THOMAS naît dans les Vosges, d’une mère institutrice et d’un père cultivateur qui meurt à la fin de la guerre 14-18 ; absence quasi immédiate de figure paternelle, manque irremplaçable, sentiment précoce de la « déposséssion » et de la tragédie, déchirements intérieurs inguérissables, qui habiteront l’homme et l’oeuvre.

Il fait des études à Paris, en lettres et philosophie, devient l’élève d’Alain, il est brillant. En 1934, il renonce au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, préfère une vie libre à la profession d’enseignant.

L’étudiant rencontre Gide qui l’encourage à écrire, et ses premiers poèmes paraissent, en 1938, dans la revue Mesures. En 1940, il sert au régiment des Tirailleurs algériens, en Moselle. La même année, son premier roman autobiographique "Le Seau à charbon" est publié et des poèmes paraissent, en 1941, sous le titre "Travaux d’aveugle".

Il épouse, en 1942, Colette René GIBERT qui deviendra l’une des « filles de cœur » d’Antonin ARTAUD. À cette période, il fréquente André GIDE, Jean PAULHAN, publie dans diverses revues littéraires, voit sa première traduction éditée : "Sur les falaises de marbre" d'Ernst Jünger. Il devient traducteur pour la BBC à Londres, de 1946 à 1958. Avec Marcel BISIAUX, Alfred KERN, André DHOTEL et Jacques BRENNER, il fonde la revue 84, à laquelle collaboreront aussi Antonin ARTAUD et Pierre LEYRIS.

Sa vie sociale, affective, est tourmentée, sa rupture d’avec sa femme, douloureuse. Alors, il cherche à partir, encore. Chercher « ailleurs » le monde, aller voir « derrière », comme le collégien qu’il était, celui qui contemplait les montagnes cernant Saint-Dié et pensait : « ces barrières noires couvertes de neige et vraiment impassables pour un piéton, derrière, il y a un monde... »

En 1958, il part pour les États-Unis où il enseigne la littérature française dans une université du Massachusetts. À son retour en France, deux ans plus tard, il travaille comme lecteur des manuscrits de littérature allemande chez GALLIMARD, poursuit parallèlement la traduction de grands auteurs. Il est juste observateur, fin analyste, et son « œil » le fait craindre du monde littéraire. Il a déjà publié quatre recueils de poésie, deux recueils de nouvelles, cinq romans, ses traductions de l’allemand, de l’anglais, du russe, et un recueil de critiques "La Chasse aux trésors" essais qu’il a réunis, sur Verlaine, Supervielle, Saint-John Perse, Melville, Larbaud, Paulhan... Il demeure discret.

"La Cible" reçoit le prix Sainte-Beuve en 1956, le Femina, en 1961, lui assure la reconnaissance avec "Le Promontoire".

Années de formation, rudesse douloureuse de la jeunesse, années de voyages et vagabondages, quête de l’ancrage : il puise son inspiration dans les périodes de sa vie.
D’un roman à l’autre, ses personnages sont, comme lui, sans cesse en mouvement et toujours sur le départ, mal à l’aise dans l’existence ordinaire et pourtant dans l’enchantement dans la vie, affectionnant les lieux de passages, « trains, gares, hôtels, où, sous le signe du provisoire, se jouent leurs destins », si sensibles à la déréliction humaine, dépossédés qu’ils sont de leur propre monde, étranger pour toujours, si sensibles, pour cela même, à la vie.

« Tous les personnages d’Henri Thomas, écrit Alain CLERVAL, sont des rêveurs, mais des rêveurs d’une espèce singulière. Contrairement à ces hommes d’une idée ou d’une passion qui refont le monde à leur mesure, ils font appel à l’imaginaire comme au seul recours capable de les soustraire à la vérité qui les consume et les dévore. »

Il vit à Paris après la mort de sa seconde épouse Jacqueline LE BEGUEC en 1965. En 1970, le prix Valéry LARBAUD couronne l’ensemble de son œuvre.

Sa fascination pour la mer et les gens de la mer l’emmène en Bretagne. Il s’installe en 1982 sur l’île de Houat, puis en 1988 à Quiberon, dont il s’inspire pour écrire "La Joie de cette vie". « Je ne sais rien ; je dispose seulement de mots, et encore pas de tous, pas souvent au bon moment. J’ai trouvé le moyen d’écrire (roman) avec la lenteur, la régularité, la légèreté, la spontanéité stendhalienne. (La joie de cette vie, Gallimard 1991).

Il meurt le 3 novembre 1993.

Henri Thomas, ami de Jean Paulhan, André Gide, Antonin Artaud, Arthur Adamov… reste méconnu. Comment expliquer que son œuvre ait une réception limitée ?

(source: florilettres La Poste)
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