PRIX FEMINA: POURQUOI REGINE DESFORGES A DEMISSIONNE DU JURY

Aprés sa démission du jury du Prix Femina, Régine en donne les raisons:

"Avant le vote d'exclusion de Madeleine CHAPSAL (*), je les ai mises en garde contre le caractère insupportable de leur attitude, allant même jusqu'à dire qu'il s'agissait d'une grave atteinte à la liberté d'expression, d'un acte de censure, dont nous n'avons pas besoin en ces temps de « politiquement correct », où il est interdit, sous peine de poursuites, d'appeler un chat un chat. Coluche, au paradis des humoristes, doit contempler, attristé, cet état de choses, lui qui, aujourd'hui, ne pourrait plus jouer la plupart de ses sketchs ni faire ces plaisanteries scabreuses qui nous faisaient rire. J'ai même été jusqu'à dire qu'il s'agissait là d'un procès stalinien, ce qui était, sans doute, un peu excessif : mais j'étais fort en colère. Colère qui ne m'a pas quittée tant je suis atterrée et attristée par ce qui s'est passé. Comment ces femmes, écrivains, supposées intelligentes ont-elles pu en arriver là, montrant leur intransigeance, leur susceptibilité, face aux propos somme toute plutôt anodins d'une des leurs ? De plus, quel manque d'humour ! Mais ça, il ne faut pas trop en demander. Mes propos ne leur ont pas plu. C'était à qui justifierait sa décision mais avec quelle hargne pour ne pas dire quelle haine ; j'avais l'impression d'assister à une curée de chiennes excitées par l'odeur du sang. Il est vrai que nous n'étions pas loin de la place où se dressa la guillotine...
Madeleine aurait-elle mis le doigt sur « les magouilles » ?
Quand Madeleine a été chassée comme une domestique indélicate, j'ai donné ma démission d'un jury dont je ne pouvais plus faire partie ; c'était pour moi une question de dignité, d'honneur. Une précision : ce que j'ai fait concernant Madeleine Chapsal, je l'aurais fait pour chacune d'entre elles. Cette mésaventure me pose une question : Madeleine n'aurait-elle pas mis le doigt sur ce que certains journalistes n'hésitent pas à appeler « les magouilles des prix » ? On peut se poser la question, non ? Je dois préciser que je n'ai jamais été témoin de « magouilles » au sein du Femina, du moins si cela a été le cas, on ne m'en a pas avertie.
Quelle conclusion tirer de cet épisode dans le Landerneau littéraire ? D'abord que toute vérité n'est pas bonne à dire, qu'il faut tourner sa plume sept fois dans l'encrier avant d'écrire, que la liberté de parole n'est pas évidente dans le pays des droits de l'homme et qu'il ne faut pas donner des verges à nos ennemis pour nous battre.
Mais ce qui me navre le plus dans cette affaire, c'est que le monde littéraire n'en sort pas grandi et que ce déballage risque de dégoûter les lecteurs et les libraires. Ces derniers faisant un métier difficile où ils gagnent peu d'argent pour beaucoup de travail, ce qu'on oublie parfois."


(*) Madeleine CHAPSAL étant accusée d'avoir "craché dans la soupe " en dévoilant dans son dernier livre les "magouilles" du jury.

LE TEXTE INTEGRAL SE TROUVE SUR LE SITE http://www.lefigaro.fr/litteraire/20061102.FIG000000170_pourquoi_je_demissionne_du_femina.html